dimanche 10 février 2013

Alzheimer : Il est encore tôt pour dire qu’on va supprimer Tau


Alzheimer : Il est encore tôt pour dire qu’on va supprimer Tau

La recherche de traitements contre la maladie d’Alzheimer est particulièrement vivace. Mais on doit savoir garder la tête froide face à des annonces qui sont parfois très prématurées.
Haro sur Tau ! Tau c’est une protéine qui, dans une forme anormale est un marqueur de la sévérité de la maladie d’Alzheimer. Les dépôts à l’intérieur des cellules nerveuses sont sous forme de « buissons ».
Ces dépôts succèdent à une première manifestation pathologique caractérisée par un dépôt de plaques de beta-amyloïde, une protéine qui se dépose à l’extérieur des cellules dans la région des synapses.
La majorité des 643 essais cliniques qui testent des thérapeutiques potentielles à travers le monde concernent la beta-amyloïde. Un peu plus d’une vingtaine concernent Tau.
L’équipe de recherches dont s’occupe le très actif octogénaire Etienne-Emile Baulieu publie aujourd’hui dans la revue américaine PNAS ses travaux concernant une protéine capable, in vitro, d’interférer avec la protéine Tau.
Cette substance appelée FKBP52 est fabriquée naturellement par l’organisme. Elle réduit la synthèse de Tau et cela se traduit par des fibres nerveuses plus courtes, en raison de modification de la structure des microtubules qui peuplent les axones des neurones et servent à la propagation des médiateurs chimiques.
Le professeur Baulieu estime qu’en stimulant cette protéine FKBP52, on pourrait « nettoyer » la protéine Tau anormale.
Peut-être mais le problème c’est qu’on est au niveau du concept et pas plus.
L’étude s’est limitée, pour le moment, à un travail de laboratoire.
Il faut ensuite passer à des évaluations sur l’animal et, si ces dernières sont concluantes, commencer les études sur les patients.
C’est donc un cheminement qui se compte en années.  Et on n’est jamais à l’abri de mauvaises surprises.
Ainsi, le vaccin anti beta-amyloïde mis sur le marché il y a quelques années par la firme irlandaise Elan avait montré des résultats très encourageants chez la souris.
Mis sur le marché ce vaccin a finalement été retiré de la commercialisation à la suite de la survenue d’accidents neurologiques d’origine infectieuse.
Il faut donc savoir raison garder et prendre le temps d’observer les effets à la fois bénéfiques et néfastes de ces thérapies.
Une lenteur qui est, légitimement, difficile à admettre par les familles des personnes atteintes. Mais il serait dramatique de provoquer des accidents graves au prétexte de l’urgence.
Dans le domaine thérapeutique, on attend l’arrivée prochaine de deux anticorps monoclonaux issus des biotechnologies.
Là encore avec des espoirs légitimes mais aussi quelques craintes liées aux risques des immunothérapies visant la beta-amyloïde.

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